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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 09:09

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Si je n'aimais que toi en toi

Je guérirais de ton visage,

Je guérirais bien de ta voix

Qui m'émeut comme lorsqu'on voit,

Dans le nocturne paysage,

La lune énigmatique et sage,

Qui nous étonne chaque fois.

 

Si c'était toi par qui je rêve

Toi vraiment seul, toi seulement,

J'observerais tranquillement

Ce clair contour, cette âme brève

Qui te commence et qui t'achève.

 

Mais à cause de nos regards,

A cause de l'insaisissable,

A cause de tous les hasards,

Je suis parmi toi haute et stable

Comme le palmier dans les sables;

 

Nous sommes désormais égaux,

Tout  nous joint, rien ne nous sépare,

Je te choisis si je compare;

C'est toi le riche et moi l'avare,

C'est toi le chant et moi l'écho,

Et t'ayant comblé de moi-même,

Ô visage par qui je meurs,

Rêves, désirs, parfums, rumeurs,

Est-ce toi ou bien moi que j'aime?

 

 

Anna de Noailles

 


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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 19:54

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Quand je mets mon doigt sur tes lèvres

Tes grandes lèvres évidemment

Je vois en toi monter la fièvre

Et la rougeur de ton piment

 

Tout un parfum plein de verdeur

Aux accents plus que maritimes

S'épanouit dans cette fleur

Au territoire si intime

 

Cueillons là délicatement

Un seul bouton fera l'affaire

Il faut le prendre doucement

Doigt de velours laisse toi faire

 

Tu ne dis rien juste un murmure

De ta bouche jaillit le vent

Et la liqueur de ta fracture

C'est l'instant le plus émouvant

 

 

André Cayrel

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 18:22

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Moments de tous les possibles

Encore au centre du Ciel,

Mon corps palpite aves la Terre. 

Noir et blanc non encore séparés.

 

Moment de silence, d'immobilité.

Absence. Je suis vide. Silence.

Seul, à peine, ton coeur 

Contre mon coeur. A l'extérieur.

 

Moment d'intense blancheur.

Je regarde, et je ne vois rien,

J'écoute et je n'entends rien,

Je palpe et je ne retiens rien.

 

Moment d'avant l'ébranlement du monde.

Retour au ni lieu, ni temps.

Infinitude de la vacuité,

Au-delà du désir accompli, transcendé.

 

Moment d'harmonieuse totalité.

Toi, moi, un seul, indistinct, confus.

Dans le mystère insondable et sans nom.

Contemplation de la merveille des merveilles.

 

Post coïtum, non tristus.

 

 

François d'Alayrac


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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 19:07

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Tout près du sexe qui fleurit dans les poils roses

Il est pour les amants une place à baiser

C'est là que rêvent les visages épuisés

Et que la cuisse est tendre aux sourires moroses.

 

Nul duver, si léger qu'il soit, ne vient ravir

L'extase de la lèvre à la peau qui frissonne

Et la chair fraîche y peut lentement assouvir

Le cruel amoureux qu'un charme passionne.

 

Plus douce que la joue et pure que les seins

La cuisse est là si blanche au milieu des coussins

Que la bouche y promène en souriant sa grâce.

 

Et cherche à ranimer sous les baisers voilés

La trace et le parfum des spermes écoulés

Sur le grain d'une peau voluptueuse et grasse.

 

 

Pierre Louÿs

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 19:25

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(...)

Tu restes pour lui le mystère,

Sous sa main, comme sous ses yeux,

L'énigme auguste de la terre,

Le secret énorme des cieux,

Le gouffre petit, mais terrible,

Le fantastique trou du crible,

L'enfoncement sombre et béni,

La réalité dans le rêve,

L'inexplicable fente d'Eve

Sur la nuit et l'infini.

 

Quand on t'ouvre et qu'on te regarde

Dans ta sublime étrangeté,

La prunelle devient hagarde

Comme au bord d'un flot redouté.

Curiosités dangereuses!

Tu t'élargis et tu te creuses :

Les doigts effarés doutent d'eux.

Le lèvre délicate et rose,

S'amincit et se superpose :

On croirait que vous êtes deux!

 

(...)

 

Ô Paradis! Joie étoilée!

Explosion du désir fou

La langue, la langue effilée,

Toute la langue dans le trou!

Pendant que, de ses mains savantes,

Il étreint les fesses mouvantes

Ou chatouille le bout des seins,

Et que, la chevelure éparse,

L'impétueuse et belle garce

Halète en mordant les coussins!

 

 

 

Clovis Hugues


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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 20:02

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Elle tourne, elle est nue, elle est grave ; ses flancs

Ondulent d'ombres bleues et de sueur farouche.

Dans les cheveux mouillés s'ouvre rouge la bouche

Et le regard se meurt entre les cils tremblants.

Ses doigts caressent cers des lèvres ignorées

La peau douce, la chaleur molle de ses seins.

Ses coudes étendus comme sur des coussins

Ouvrent le baiser creux des aisselles dorées.

Mais la taille, ployée à la renverse, tend

Le pur ventre, gonflé d'un souffle intermittent,

Et sous l'arachnéen tissu noir de sa robe,

Ses bras tendres, avec des gestes assoupis,

Ses pieds froids sur les arabesques des tapis,

Cherchent l'imaginaire amant qui se dérobe...

 

 

Pierre Louÿs


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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 20:48

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Aimons, foutons, ce sont plaisirs

Q'il ne faut pas que l'on sépare ;

La jouissance et les désirs

Sont ce que l'âme a de plus rare.

D'un Vit, d'un Con, et de deux coeurs,

Nait un accord plein de douceurs,

Que les dévôts blâment sans cause.

Amarillis, pensez-y bien : 

Aimer sans foutre est peu de chose,

Foutre sans aimer ce n'est rien

 

 

 

Jean de La Fontaine

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 15:02

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Laisse-moi respirer longtemps,

longtemps l'odeur de tes cheveux,

y plonger tout mon visage,

comme un homme altéré dans l'eau

d'un source, et les agiter avec ma main

comme un mouchoir odorant,

pour secouer des souvenirs dans l'air.

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois!

Toutce que je sens!

Tout ce que j'entends dans tes cheveux!

Mon âme voyage sur le parfum

comme l'âme des autres hommes

sur la musique.

Tes cheveux contiennent tout un rêve,

plein de voilures et de mâtures;

ils contiennent de grandes mers

dont les moussons me portent

vers de charmants climats,

où l'espace est plus bleu et plus profond,

où l'atmosphère est parfumée par les fruits,

par les feuilles et par la peau humaine.

Dans l'océan de ta chevelure,

j'entrevois un port fourmillant

de chants mélancoliques,

d'hommes vigoureux de toutes nations

et de navires de toutes formes

découpant leurs architectures fines

et compliquées sur un ciel immense

où se prélasse l'éternelle chaleur.

Dans les caresses de ta chevelure,

je retrouve les langueurs

des longues heures passées sur un divan,

dans la chambre d'un beau navire,

bercées par le roulis imperceptible du port,

entre les pots de fleurs

et les gargoulettes rafraîchissantes.

Dans l'ardent foyer de ta chevelure,

je respire l'odeur du tabac

mêlé à l'opium et au sucre;

dans la nuit de ta chevelure,

je vois resplendir l'infini de l'azur tropical;

sur les rivages duvetés de ta chevelure,

je m'enivre des odeurs combinées

du goudron, du musc et de l'huile de coco.

Laisse-moi mordre longtemps

tes tresses lourdes et noires.

Quand je mordille tes cheveux

élastiques et rebelles,

il me semble que je mange des souvenirs.

 

 

Charles Baudelaire

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 18:07

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Mon oreiller me dévisage dans la nuit

Exsangue comme une pierre tombale

Jamais je n'envisageais qu'il serait si cruel

D'être seul

Sans pouvoir me blottir contre ta chevelure

J'habite seul dans une demeure silencieuse

La lampe suspendue dans la pénombre

Et mes mains s'entrouvrent délicatement

Sur toi, ombre invisible, fatigué et affaibli

Je me réveille en sursaut

Enveloppé par une nuit froide qui me glace

L'étoile luit et brille à travers la fenêtre

Où s'est envolée ta chevelure dorée?

Où s'est envolée ta bouche adorée?

Maintenant je bois au chagrin

de chaque instant de bonheur

Et au venin de chaque vin

Jamais je n'envisageais qu'il serait si cruel

D'être seul

Seul sans toi!

 

 

Hermann Hesse

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 19:43

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Ouvre les yeux, réveille-toi,

Ouvre l'oreille, ouvre ta porte

C'est l'amour qui sonne et c'est moi

Qui te l'apporte.

 

Ouvre la fenêtre à tes seins,

Ouvre ton corsage de soie,

Ouvre ta robe sur tes reins,

Ouvre qu'on voie.

 

Ouvre à mon coeur ton coeur trop plein

J'irai le boire sur ta bouche.

Ouvre ta chemise de lin,

Ouvre qu'on touche.

 

Ouvre les plis de tes rideaux,

Ouvre ton lit que j'y traîne,

Il va s'échauffer sous ton dos,

Ouvre l'arêne.

 

Ouvre tes bras pour m'enlacer,

Ouvre tes seins que je m'y pose,

Ouvre aux fureurs de mon baiser

Ta lèvre rose.

 

Ouvre tes jambes, prends mes flancs

Dans ces rondeurs blanches et lisses,

Ouvre tes deux genoux tremblants,

Ouvre tes cuisses.

 

Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir,

Dans les chauds trésors de ton ventre,

J'inonderai sans me tarir

L'abîme où j'entre

 

 

Edmond Haraucourt

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